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apprends, c’est autant pour toi. Vois l’avocat Philéros ; s’il n’avait pas étudié, aujourd’hui il crèverait la faim. Il n’y a pas si longtemps ce n’était qu’un pauvre portefaix. Maintenant il peut entrer en ligne contre Norbanus. La science est un trésor, et un métier acquis est un bien qu’on ne perd jamais. »

XLVII. OU TRIMALCION, SOULAGÉ, VEUT QUE CHACUN SE SOULAGE A SON GRÉ

La conversation en était là quand Trimalcion revint des lieux. Il essuya les parfums qui coulaient de son front, se lava les mains, et, tout de suite : « Pardonnez-moi, dit-il, mes amis. Voilà plusieurs jours déjà que je suis constipé : le ventre ne va pas et les médecins ne s’y retrouvent plus. Un seul remède m’a fait du bien : c’est de la peau de grenade et du pin dans du vinaigre.

« J’espère que mon ventre va se décider à se tenir convenablement ; autrement, quand il se met à lâcher des bruits, vous croiriez entendre un taureau. C’est pourquoi si quelqu’un de vous a envie de faire ses besoins, il n’a pas à se gêner. Nous sommes tous nés avec un sac à merde dans le ventre. Pour ma part, je ne connais pas de plus grand supplice que de me retenir. C’est le seul acte que Jupiter ne soit pas assez puissant pour défendre. Tu ris, Fortunata : pourtant, toutes les nuits le vacarme de tes entrailles m’empêche de fermer l’œil. Même à table, je n’ai jamais empêché personne de se soulager. Ça fait tant de bien. Les médecins eux-mêmes défendent de se retenir.

« S’il s’agissait d’un plus gros besoin, j’ai tout fait préparer dehors : l’eau, la table de nuit et les autres petits usten-