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le troisième, qui le remplaça quand il tomba mort[1], un cadavre sur un cadavre : ses nerfs coupés ! Seul un Thrace fut à peu près potable ; encore, insuffisamment entraîné, semblait-il répéter une leçon apprise. A la fin on les a tous passés aux étrivières, tant le public, qui était nombreux, avait dû crier de fois « Allez-y ! Poussez-les ! » Bref, une vraie déroute.

« A la sortie, Norbanus me dit : « Hein, je vous en ai donné, des jeux ! — Et moi, répondis-je, je vous en ai donné des applaudissements ! Comptons sérieusement : j’ai plus donné que reçu. Une main lave l’autre, dit le proverbe. »

XLVI. OU L’ON S’ENTRETIENT DE PÉDAGOGIE

« Il me semble, Agamemnon, vous entendre dire : Que nous débite là ce raseur. Pourquoi vous, qui savez parler, ne dites-vous rien ? Parce que nous ne sommes pas de votre monde, vous vous moquez de nos piètres propos. Nous savons bien que vous êtes très entiché de votre savoir. Mais pourtant je vous persuaderai bien quelque jour de venir à la campagne visiter ma maisonnette. Nous y trouverons encore de quoi manger : un poulet, des œufs. Nous passerons un bon moment, quoique cette année tout ait bien souffert des changements de temps. Mais nous trouverons toujours de quoi nous garnir le ventre.

« Il y aura aussi mon gosse, votre futur élève. Il commence à pousser et connaît déjà les quatre parties du discours. Si les dieux lui prêtent vie, vous l’aurez toujours

  1. A un gladiateur vaincu on en substituait jusqu’à trois pour combattre avec le vainqueur.