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Personne, en effet, ne croit qu’il y ait des dieux au ciel, personne n’observe les jeûnes ; on ne se soucie pas plus de Jupiter que d’un fêtu. Mais tous, aveugles pour le reste, ne songent qu’à compter leur or. Autrefois les femmes, en robes traînantes[1], pieds nus, les cheveux épars, et surtout l’âme pure, allaient au Capitole implorer Jupiter pour qu’il envoie la pluie ; aussi pleuvait-il à pleins seaux : tout de suite ou jamais ! Et on revenait, tout crottés comme des barbets. Mais maintenant, les dieux restent dans leur gaine de laine[2], à cause de notre impiété, et nos champs sont stériles[3]. »

XLV. OU L’ON CAUSE SPORTS

« Parle mieux, je t’en prie, dit le fripier Échion. Comme ci, comme ça, disait ce paysan, qui recherchait un cochon de deux couleurs. De même la vie : ce qui n’arrive pas

  1. Dans les cérémonies religieuses, les dames romaines portaient une robe traînante appelée stola. On assistait nu-pieds aux fêtes et sacrifices pour obtenir de la pluie.
  2. « Les dieux ont des pieds de laine », est une expression passée en proverbe : elle signifie que les dieux sont lents à venir à notre secours.
  3. « Tous les discours sont tournés de même. C’est une suite de gros mots, d’exclamations, de serments que soulignait le geste ; car on devine qu’il y avait, de la part du beau parleur, autant et plus de gestes que de mots le tout accompagné de tics, encore très reconnaissables dans le roman : Séleucus parle par : Quis ? si… ; Hermeros par : Tu autem… ;. Ganymède commence presque toutes ses phrases par des Tunc, des Nunc, et surtout des Itaque. L’affranchi qui renseigne Encolpe sur la maison et les convives de Trimalcion accumule les : tu vois, les : vois-tu ; lui, tel autre et aussi Trimalcion, les : en somme ; toutes les phrases de Quartilla ont en tête un : c’est cela (Ita est). Elle, ses femmes et le cinædus, avant de rien faire, commencent toujours par battre des mains. » E. Thomas, op. cit., p. 125.