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« Et maintenant, ajouta Trimalcion, vous ne pouvez nier que nous avons parmi nous le dieu Bacchus. » Nous applaudissons à cette plaisanterie et chacun à la ronde couvre de baisers cet esclave.

Là-dessus, Trimalcion quitte la table pour aller faire ses besoins. Cette absence de notre tyran, en nous donnant un moment de liberté, ranime les conversations des convives[1]. Dama s’écrie, ayant demandé des coupes un peu plus grandes : « Qu’est-ce qu’un jour ? Le temps de se retourner, et voilà la nuit : c’est pourquoi rien n’est meilleur que d’aller tout droit du lit à la table. Nous venons d’avoir un joli froid : c’est à peine si le bain m’a réchauffé : une bonne boisson chaude est la meilleure des fourrures[2]. J’ai bu comme un portefaix, et je suis complètement ivre : le vin m’a brouillé la cervelle. »

XLII. OU L’ON PRONONCE UNE ORAISON FUNÈBRE

Mais Séleucus se mêlant à la conversation : « Moi non plus, dit-il, je ne me baigne pas tous les jours le baigneur est un vrai foulon. L’eau a comme des sortes de dents qui rongent notre corps chaque jour. Mais, quand je me suis introduit une potée de vin miellé, je me moque bien du froid.

Du reste, pas moyen de me baigner aujourd’hui : j’ai

  1. « Tant que Trimalcion est présent, lui seul a la parole ; alors même qu’il fait une demande à un convive, il se hâte de couper court à la réponse : il est chez lui et il le fait sentir. En son absence, ses invités respirent ; nous pouvons entendre et savoir pour quelques-uns ce qu’ils sont. » E. Thomas. L’Envers de la société romaine p. 116.
  2. Le texte dit : « Une boisson chaude est un marchand d’habits », c’est-à-dire tient lieu d’un habit.