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INTRODUCTION

son style, par les agréments de son esprit et surtout par son talent de conteur, Pétrone se trouve être l’ancêtre de Rabelais, de La Fontaine, de Le Sage et de Voltaire. Mais est-il besoin de le dire, cette hypothèse, du reste assez plausible, est plus agréable à notre amour-propre de Français que solidement établie.

II. Le texte du « Satyricon ». — 1. Le texte que nous possédons se compose de trois parties la première et la dernière racontent les aventures d’Encolpe et de ses amis, la seconde, qui est un hors-d’œuvre, décrit un banquet donné par l’affranchi Trimalcion.

Comme nous l’avons déjà dit, nous ne possédons qu’une faible partie du roman de Pétrone, un douzième, suivant Douza, un sixième, suivant l’estimation plus modérée et sans doute plus exacte de M. Collignon. Le Codex Tragurensis (actuellement Parisinus 7989) porte, en effet, en sous-titre Fragments des livres XV et XVI. D’autre part, une interpolation de Fulgence (Ms. Paris 7975) attribue au livre XIV la scène racontée au chapitre 20. Bien que ces deux indications ne soient qu’à peu près concordantes, il est permis d’en conclure que la première partie des fragments que nous possédons (chap. 1 à 26), contenant l’entretien d’Encolpe et d’Agamemnon sur la décadence de l’art oratoire, la fuite d’Ascylte, l’histoire du manteau volé et celle de Quartilla faisait partie du livre XIV. Le Banquet de Trimalcion, qui vient couper les aventures d’Encolpe et constitue, avons-nous dit, un épisode bien distinct et fort long, formait très probablement à lui seul un livre complet, le XVe, et, en conséquence, la suite des aventures d’Encolpe à partir de sa rencontre avec Eumolpe (à la fin du chapitre 140) se trouvait très vraisemblablement dans le livre XVI. La déconfiture d’Eumolpe devait clore ce livre, mais non pas, probablement, l’ouvrage tout entier, puisque le sort des deux principaux personnages n’est pas encore fixé