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au son d’une symphonie, se mettent à fouiller la paille. Ils en retirent peu à peu des œufs de paon qu’ils distribuent aux convives[1].

Trimalcion contemple la scène : « Mes amis, dit-il, j’ai fait mettre des œufs de paon sous cette poule. Et, ma parole, j’ai peur qu’ils ne soient déjà couvés voyons donc s’ils sont encore mangeables. » On nous remet à cette fin des cuillères qui ne pesaient pas moins d’une demi-livre[2], et nous brisons ces œufs revêtus d’une pâte onctueuse imitant fort bien la coquille. Pour ma part, je fus sur le point de jeter le mien, car j’y voyais déjà remuer un poulet, quand j’entendis un vieux parasite s’écrier « Ce doit être quelque chose de fameux ! » Ayant donc achevé de rompre la coquille, je découvre un becfigue bien gras entouré de jaunes d’œufs finement épicés.


XXXIV. OU TRIMALCION ÉTALE SON FASTE ET DISSERTE SUR LA BRIÈVETÉ DE LA VIE

Cependant Trimalcion, interrompant sa partie, se fit apporter tout ce qu’on nous avait déjà servi. D’une voix forte, il donna à ceux qui en voulaient l’autorisation de retourner au vin miellé[3]. Tout à coup, sur un signal de

  1. Ces œufs valaient jusqu’à trente sous pièce, de sorte qu’un troupeau de cent paons rapportait jusqu’à mille écus par an (Varron : De se rustica. Pline, liv. X). Un troupeau de paons se vendit, d’après Varron, 60.000 écus. On commençait volontiers le repas par les œufs, pour le finir par les fruits.
  2. Les anciens croyaient utile, pour écarter les maléfices, d’écraser la coquille de l’œuf après l’avoir mangé, d’où l’utilité de lourdes cuillères. Cette superstition a survécu jusqu’à nos jours.
  3. Composé de quatre parties de vin contre une de miel, le mulsum se prenait au commencement du repas, d’où promulsis, hors-