Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il portait aussi au petit doigt de la main gauche un énorme anneau en toc, et à l’extrémité du doigt suivant un autre plus petit, mais, à ce qu’il me sembla, en or pur, constellé de sortes d’étoiles d’acier[1], et, pour ne pas nous priver du spectacle de ses autres bijoux, il découvrit son bras droit, orné d’un bracelet d’or flanqué tout autour d’une lame d’ivoire éblouissante.

XXXIII. OU TRIMALCION FINIT SA PARTIE

« Mes amis, nous dit-il, en se farfouillant la mâchoire avec un cure-dent d’argent[2], il ne m’était pas agréable de me mettre sitôt à table, mais plutôt que de vous retarder par mon absence, je me refuserais tout plaisir. Me permettez-vous pourtant de finir ma partie ? »

Un esclave le suivait, en effet, avec un damier en bois de térébinthe et des dés de cristal. Je noterai ce trait, d’un luxe particulièrement raffiné : au lieu de pions blancs et noirs, il se servait de pièces d’or et d’argent.

Tandis qu’en jouant il débite tout un répertoire de basses plaisanteries, le repas continue : on apporte sur un dressoir une corbeille, dans laquelle était une poule en bois sculpté, les ailes ouvertes et arrondies, comme si elle couvait[3]. Aussitôt deux esclaves s’avancent et,

  1. L’anneau d’or était interdit aux hommes du peuple et aux affranchis. Trimalcion doit donc se contenter d’un anneau doré que du moins il a choisi très gros, et d’un autre en or, mais orné d’étoiles de métal.
  2. C’était un signe de luxe, les cure-dents étant généralement en bois ou en plume chez les Romains ; de même les dés étaient de verre : à Trimalcion il en faut en cristal. Quant aux damiers, ils étaient souvent en bois précieux.
  3. C’est le premier service.