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sur le dos deux plats d’argent sur le bord desquels était gravé le nom de Trimalcion avec les poids de l’argent[1]. Des surtouts en forme de ponts[2] supportaient des loirs accommodés avec du miel et des pavots. Il y avait aussi, posées sur un gril d’argent, des saucisses grésillantes et, sous le gril, des prunes de Syrie avec des grains de grenade[3].

XXXII. OU L’ON VOIT TRIMALCION FAIRE SON ENTRÉE

Nous étions plongés dans ces splendeurs, quand on nous apporta Trimalcion lui-même aux sons d’une symphonie. On le posa parmi des coussins très rembourrés, spectacle qui fit éclater de rire quelques imprudents ; il avait en effet affublé sa tête chauve d’un voile des pourpre[4] ; autour de son cou, que chargeaient déjà les vêtements, il avait mis une ample serviette avec le laticlave[5] dont les franges retombaient des deux côtés.

  1. Les grands seigneurs faisaient marquer leur argenterie à leur nom, mais cela ne suffit pas à Trimalcion : il faut qu’on sache combien elle pèse !
  2. C’était une imitation des ponts où les prêtres faisaient passer les victimes pour en recueillir le sang en dessous par des trous. Les loirs étaient estimés ; le miel tenait lieu de sucre les grains de pavots écrasés fournissaient un jus servant de sauce.
  3. C’est l’entrée (gustatio ou promulsidaria) précédant le premier service. C’était un art à Rome de savoir composer un repas, et il y avait des spécialistes qui en faisaient profession et en vivaient grassement.
  4. On ne devait se montrer en public qu’avec la tête découverte, à moins qu’on ne fût malade.
  5. Le laticlave et l’angusticlave étaient des sortes de nœuds ou boutons de pourpre réservés à certains dignitaires et qui se mettaient non seulement sur les habits, mais sur le linge. Trimalcion s’en pare sans aucun droit.