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quet[1] qu’il m’a perdue. Elle m’avait été donnée par un de mes clients pour mon anniversaire[2]. Elle sortait sans aucun doute des teintureries de Tyr, mais elle avait été déjà lavée une fois. Quoi qu’il en soit, je vous abandonne le coupable. »

XXXI. OU L’ON SERT LES HORS-D’OEUVRE

Après lui avoir exprimé toute notre reconnaissance pour tant de bonté, nous rentrons dans la salle. Arrive ce même esclave pour lequel nous venions d’intercéder. Il nous comble de vigoureux baisers[3], dont nous restons ahuris, et nous exprime toute sa reconnaissance. « Bref, conclut-il, vous saurez bientôt à quel homme vous avez rendu service : c’est moi qui verse le vin du maître et je saurai en disposer. »

  1. Tandis que l’habit de ville devait toujours être blanc, la tenue de soirée pouvait être d’une couleur quelconque. Mais de même que nous ne portons l’habit que le soir, de même la robe de festin ne devait pas être portée à la ville. Chacun envoyait donc la sienne chez l’amphitryon du jour, à moins que celui-ci n’en fournît à tout le monde.
  2. L’usage de fêter le jour de naissance par des cadeaux n’est donc pas nouveau ; ces présents étaient presque une obligation des clients envers leurs patrons.
  3. Notons une fois pour toutes la familiarité de mauvais goût de la domesticité. Il vaudrait mieux pour Trimalcion avoir un personnel moins nombreux mais mieux stylé. Remarquons aussi qu’il y a deux vins, celui du maître et celui des invités. Trimalcion, qui par ostentation jetait tout à l’heure du falerne à la tête de ses masseurs, est un parvenu assez rapiat qui sait qu’un sou est un sou ; il traite ses invités avec un faste inutile, mais leur refuse souvent le confortable et même les égards auxquels ils ont droit. Il n’a ni éducation ni délicatesse naturelle, bien qu’il soit au fond assez bon homme. On ne peut même pas lui accorder ce vernis qu’acquièrent si aisément tant de parvenus.