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ment expliqué toutes choses par des inscriptions détaillées. Au bout du portique, Mercure enlevait Trimalcion par le menton, pour le porter sur un tribunal élevé. A ses côtés se tenaient la Fortune, munie d’une copieuse corne d’abondance, et les trois Parques, filant sa vie sur des quenouilles d’or. Je remarquai aussi une troupe d’esclaves s’exerçant à la course sous la direction d’un maître.

Outre ces peintures, je vis encore une grande armoire : dans ses compartiments reposaient des lares d’argent, une statue de Vénus en marbre et une boîte en or assez grande qui, disait-on, renfermait la barbe du maître[1].

J’allai demander au portier quelles peintures tenaient le milieu du portique : L’Iliade et l’Odyssée, dit-il, et sur la gauche, vous voyez un combat de gladiateurs.

XXX. L’ENTRÉE DU TRICLINIUM DE TRIMALCION

Le temps nous manquait pour examiner tant de curiosités. Déjà nous étions rendus à la salle du festin, à l’entrée de laquelle se tenait l’intendant en train de recevoir les comptes. Et, ce qui me surprit le plus, de chaque côté de la porte il y avait des faisceaux surmontés de haches[2] et finissant en bas par des sortes d’éperons de navires en airain portant cette inscription : A Gaius Pompée Trimalcion, Sévir Augustal : Conname son trésorier.

  1. Les Romains conservaient pieusement leur première barbe.
  2. Les faisceaux de verges, surmontés de haches, étaient des marques d’honneur réservées aux magistrats de Rome. Ceux des colonies n’y avaient aucun droit. Trimalcion, sévir d’une colonie, a fait représenter sur sa porte ces insignes qu’il n’a pas le droit de faire porter devant lui. D’où l’étonnement d’Encolpe. Les sévirs étaient les membres du collège des Augustales. Cette dignité, dont on était prodigue, comme chez nous des décorations, ne donnait aucun pouvoir : ce n’était pas une magistrature effective.