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A l’entrée se tenait le portier, vêtu de vert avec une ceinture cerise, qui épluchait des pois dans un plat d’argent. Au-dessus du seuil pendait une cage d’or où était une pie au plumage multicolore, qui saluait les arrivants.

XXIX. LE PORTIQUE DE TRIMALCION : PEINTURES A LA GLOIRE DE TRIMALCION

Quant à moi, j’admirais bouche bée, quand, sursautant de peur, je faillis me rompre les jambes. A gauche de l’entrée, non loin de la loge du portier, un énorme chien tirait sur sa chaîne. Au-dessus de lui était écrit en lettres capitales : Gare, gare au chien[1]. Vérification faite, ce n’était qu’une peinture sur la muraille.

Mes compagnons se moquaient de ma frayeur. Mais, ayant recouvré mes esprits, je n’avais d’yeux que pour les fresques qui ornaient le mur : un marché d’esclaves, avec leurs titres[2] au cou, et Trimalcion lui-même, les cheveux flottants, portant le caducée, entrant à Rome conduit par Minerve[3]. Ici on lui apprenait le calcul. Là il devenait trésorier : le peintre avait méticuleuse-

  1. Inscription très fréquente, soit qu’il y eût réellement à la porte du palais un gros chien d’attache, soit qu’on se fût contenté d’en faire peindre un sur la muraille. Quelquefois même cette inscription équivalait simplement à : Entrée interdite au public.
  2. On mettait des écriteaux au cou des esclaves à vendre.
  3. Trimalcion a donc commencé par être un de ces esclaves aux cheveux flottants, et il n’en a pas honte. Les tableaux retraçant son existence, dont il a orné son portique, sont autant de flatteries grossières et maladroites à son adresse. Ici il s’est fait représenter comme le Commerce conduit par la Sagesse. Et nous allons voir qu’il ne craint pas de mettre le tableau de sa vie en parallèle avec l’Iliade et l’Odyssée !