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Sans perdre un instant, on introduit une fillette, assez gentille, qui ne paraissait pas plus de sept ans, celle-là même qui était venue dans notre chambre avec Quartilla. Tout le monde applaudit et réclame de promptes noces.

Médusé, j’alléguai que Giton, un garçon si réservé, manquerait de la hardiesse indispensable ; j’ajoutai que la jeune personne n’était pas encore d’un âge à subir la loi que les désirs masculins imposent au beau sexe.

« Hé, protesta Quartilla, est-elle donc plus jeune que je ne l’étais quand j’ai passé par là ? Que ma Junon m’abandonne si je me souviens avoir jamais été vierge. Gamine, j’avais trouvé le moyen de me faire salir par des gamins de mon âge ; un peu plus grande, je me suis offert des garçons moins jeunes et j’ai ainsi monté en grade jusqu’à l’âge où vous me voyez. De là, sans doute, le proverbe connu :

Qui a porté le veau portera le taureau[1].

Craignant pour mon Giton quelque pire dommage s’il restait seul, je me levai donc, résigné à assister à la cérémonie.

XXVI. COMMENT LES TROIS AMIS ÉCHAPPENT A QUARTILLA

Déjà, par les soins de Psyché, l’enfant était parée des voiles de l’hymen[2]; déjà le danseur, armé d’un flam-

  1. Proverbe faisant allusion à Milon de Crotone qui s’entraînait porter chaque jour pendant plusieurs stades un veau nouvellement né et qui continua quand le veau fut devenu taureau (Quintillien, Instit. Oratoire, liv. I, chap. 9). Quartilla lui donne ici, et non sans à-propos, un sens obscène.
  2. Ce voile se nommait flammeum, parce qu’il était couleur de flamme, peut-être comme symbole de la violence faite à la virginité.