Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/120

Cette page n’a pas encore été corrigée

La cuisse facile, la fesse agile, la main hardie,
Efféminés, vétérans de, l’amour, qu’a châtrés l’expert Délien[1].

Ceci dit, il me souilla d’un immonde baiser : bientôt même il s’assied sur mon lit, et, malgré mes protestations, relève brutalement mes habits. Longtemps et énergiquement il travailla mes parties. Mais en vain… A travers son front suant coulaient des ruisseaux de fard et les rides de ses joues étaient si pleines de blanc qu’on eût dit un mur décrépit travaillé par la pluie.

XXIV. DISGRACES D’ENCOLPE ET D’ASCYLTE
SUCCÈS DE GITON

Je ne pus retenir plus longtemps mes larmes j’étais au comble de la détresse. « C’est sans doute vous, madame, dis-je à Quartilla, qui m’envoyez cet ignoble pédéraste[2]. »

Elle battit doucement des mains et répondit « O homme perspicace et vraiment spirituel ! Quoi ! Tu ne t’étais donc jamais aperçu que ce qu’on appelle danseur n’est pas autre chose qu’un pédéraste ? »

Alors, enviant la tranquillité dont jouissait mon camarade : « J’en appelle à votre bonne foi, m’écriai-je ; est-il juste que seul Ascylte ait droit à quelque loisir dans cette fête ? — Très bien, riposta Quartilla, il aura aussi son pédéraste. »

  1. Les habitants de Délos étaient habiles à fabriquer les eunuques. Cicéron, Pro Cornelio, dit qu’on venait de tous pays leur en acheter. De tout temps les eunuques ont été considérés comme des outils de débauche. Saint Épiphane, Contre les hérétiques nommés Valésiens, rapporte que Salomon leur reprochait déjà leur main hardie.
  2. Le texte porte embasicœtum, de ἐμϐαίνειν, monter, et κοίτη, lit. On nommait ainsi les débauchés qui allaient de lit en lit en faisant subir aux convives le traitement ici décrit par Pétrone.