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proquo eut le don ’ de nous plonger dans une discrète gaîté. A la fin Giton ne put retenir ses éclats de rire, et la petite jeune fille se jetant à son cou se mit à dévorer de baisers le bel enfant qui se laissait faire.

XXI. LE CINÈDE

Dans notre détresse, nous aurions bien voulu crier. Mais il n’y avait personne qui pût venir à notre aide, et toutes les fois que je tentais d’appeler au secours, Psyché, tirant une aiguille de ses cheveux, me l’enfonçait dans la joue ; pendant ce temps, la fillette, armée d’un pinceau qu’elle trempait dans le satyrion, martyrisait le malheureux Ascylte.

Pour comble, survint un de ces danseurs qui se prostituent[1]. Il portait une tunique de gausape couleur myrte qu’une ceinture tenait retroussée jusqu’au ventre ; tantôt il nous caressait avec ses fesses de démanché, tantôt il nous souillait de ses baisers fétides, jusqu’à ce que Quartilla, qui se tenait là, haut troussée, elle aussi, et une verge de baleine en main, jugeant nos souffrances suffisantes, fit signe de nous donner quartier.

Il nous fallut alors jurer tous les deux solennellement que le secret de ces horreurs périrait avec nous.

Là-dessus on fit entrer toute une bande d’athlètes qui nous frottèrent tout le corps d’huile parfumée. Tant bien

  1. On les appelait cinædi. Ils dansaient, avec des postures lascives. Ils se prostituaient ensuite au besoin. Aulu-Gelle prétend qu’il y en avait deux espèces, les uns actifs, les autres passifs. Nonnius fait venir le mot cinædi, en grec κίναιδοι, de κινεῖν τὸ σῶμα, remuer le corps. On a aussi proposé l’étymologie κινεῖν τὴν αἰδῶ pour τὰ αἰδοῖα, remuer les parties sexuelles, qui n’est pas plus vraisemblable.