Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous fait saisir par des inconnus et transporter dans un superbe palais. ’ Alors, muets de stupeur, nous perdîmes tout courage et le spectre de la mort se dressa à nos yeux désolés.

XX. PSYCHÉ LA TORTIONNAIRE

« Je vous en prie, madame, m’écriai-je alors, si vous nous réservez quelque chose de pire, faites vite : nous n’avons pas commis un si grand crime qu’il nous vaille de périr dans les tortures. »

La servante, qui avait nom Psyché, étend alors une couverture sur les dalles et s’acharne vainement sur ma virilité gelée déjà par mille morts. Ascylte cependant s’était couvert la tête de son manteau, sachant déjà qu’il est peu prudent de mettre son nez dans les secrets d’autrui. Alors tirant deux bandeaux de son sein, Psyché de l’un me lia les pieds, de l’autre les mains. Ainsi ficelé : « ‘ Ce n’est pas le moyen, lui dis-je, que ta maîtresse aie satisfaction. — Sans doute, répondit-elle, mais j’ai sous la main un remède et infaillible. » Aussitôt elle revient avec un vase plein de satyrion, et à force d’agaceries et de bavardages, elle fit si bien que j’absorbai presque tout. Ascylte, qui avait mal accueilli ses grâces, reçut en punition, sans s’en douter, tout le reste dans le dos. ’

Mais Ascylte, pour alimenter la conversation qui traînait un peu : « Et moi, dit-il, on ne me trouve pas digne de boire ? » Trahie par mon sourire, la servante bat des mains et s’écrie : « J’avais posé la coupe près de vous, jeune homme. Vous l’avez donc vidée tout seul ? — Encolpe, demanda Quartilla, n’avait-il donc pas tout bu ? » Ce qui-