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XVIII. OU QUARTILLA DEVIENT PRESSANTE

Après cette supplication, la voilà qui fond de nouveau en larmes et, secouée de longs gémissements, elle presse son visage et son sein sur mon lit. Alors, ému en même temps et de pitié et de crainte, je l’exhortai à reprendre courage et l’assurai qu’elle pouvait compter sur nous pour donner satisfaction à son double vœu. Car nous n’avions envie de divulguer aucun secret et, si en outre un dieu lui avait révélé quelque remède pour la fièvre tierce nous ne demandions pas mieux que de nous faire les instruments de cette lumière divine, même s’il devait en résulter pour nous quelque désagrément.

Rendue un peu plus gaie par cette promesse, elle m’embrasse copieusement, et passant des larmes au rire, elle promène ses doigts écartés dans les cheveux qui me tombaient sur la nuque en disant : « Je fais la paix avec vous et je me désiste de l’action que je vous avais intentée. Si vous ne m’aviez pas promis la médecine qu’il me faut, la foule ameutée était déjà prête qui demain aurait vengé mon injure et sauvé ma dignité. »

    fureurs de Médalline. Celle qui triomphe dans ce conflit est regardée comme la plus noble. Là, rien n’est feint, les attitudes y sont d’une telle vérité qu’elles enflammeraient le vieux Priam et l’infirme Nestor. Déjà les désirs exaltés veulent être assouvis ; déjà chaque femme reconnaît qu’elle ne tient dans ses bras qu’une femme impuissante et l’antre retentit de ces cris unanimes : Introduisez les hommes ; la déesse le permet. Mon amant dormirait-il ? Qu’on l’éveille. Point d’amant ? Je me livre aux esclaves. Point d’esclaves ? Qu’on appelle un manœuvre. A son défaut, si les hommes manquent, l’approche d’un âne ne l’effrayerait pas. »