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sur les registres publics, voyant entrer dans une maison deux étrangers dont il n’avait pas encore les noms, était venu de suite s’enquérir de leur origine et de leur profession.

Notre hôte eut l’air d’attacher si peu d’importance à ce renseignement qu’il fit naître en moi le soupçon que nous n’étions pas en sûreté chez lui, et, pour ne pas nous faire prendre, nous décidâmes de sortir et de ne rentrer qu’à la nuit : donc nous descendons, laissant à Giton le soin de préparer le souper.

Comme il entrait dans nos plans d’éviter les voies fréquentées, nous nous promenâmes dans les coins les plus solitaires. Sur le soir, dans un endroit écarté, nous rencontrons deux femmes voilées, assez élégantes, que nous suivîmes à distance jusqu’à une sorte de temple où elles entrèrent et d’où sortait un murmure insolite, comme des voix échappées des profondeurs d’un antre.

La curiosité nous pousse à entrer à notre tour et nous tombons au milieu d’une troupe de femmes, qui, comme des bacchantes, portaient dans leur main droite de ces petits Priapes qui passent pour enchantés. Il ne nous fut pas donné d’en voir davantage, car, dès qu’elles nous aperçurent, elles poussèrent un cri si terrible que la voûte du temple en trembla. Elles se mirent en devoir de nous saisir, mais nous nous sauvâmes à toutes jambes à l’auberge.’

XVI. LES MYSTÈRES DE PRIAPE

Nous touchions à peine au repas préparé par les soins de Giton quand on frappa à la porte assez énergiquement. Nous nous regardons en pâlissant et demandons : Qui est