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INTRODUCTION


auteur est Titus Petronius Arbiter, il se donne pour un adepte de la philosophie d’Épicure ; et il est bien tentant d’admettre que le Satyricon n’est autre chose que cet écrit ridiculisant et flétrissant les mœurs de Néron, de l’infâme Tigellin et des autres favoris du prince. Le récit de Tacite est du reste confirmé par Pline l’Ancien et par Plutarque, qui ajoutent qu’avant de mourir Pétrone fit briser une coupé précieuse, « une coupe de cassidoine valant 300 grands sesterces » (1)[1], pour la dérober à l’avidité de Néron.

Enfin Terentianus Maurus, qu’on fait vivre sous Domitien, cite Pétrone comme se servant volontiers du vers iambique. Il faut donc que l’auteur du Satyricon soit antérieur à Domitien ; et comme entre le règne de ce dernier et celui de Néron nous ne connaissons aucun Pétrone dont le signalement réponde à celui du romancier, on est amené logiquement à l’identifier avec le favori de Néron.

Malheureusement ce dernier s’appelait Caius Petronius Turpillianus, tandis que notre auteur se nomme Titus Petronius Arbiter on n’explique pas par quel miracle l’épithète arbiter elegantiarum s’est transformée si bien en un nom propre que, dans la suite, l’auteur du Satyricon est appelé indifféremment Petronius et Arbiter. En outre, les prénoms sont différents.

Le pamphlet que Pétrone composa quelques heures avant sa mort était nécessairement court le roman satirique, dont nous ne possédons du reste qu’une faible partie, a deux ou trois cents pages et contient deux longs poèmes. Quelque prodigieuse que fut sa facilité, le favori de Néron n’a pas eu le temps matériel de dicter avant d’expirer une œuvre d’aussi longue haleine.

N’ayant plus rien à ménager, on ne voit pas pourquoi il se serait servi de noms supposés, pourquoi il aurait eu recours au roman pour flétrir ses ennemis ; il aurait bien

  1. (1) Soit 60.000 francs Pline, Hist. nat., lib. XXXVII, cap. II.