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dans la forêt prochaine. Plus en sûreté dans cette retraite, nous cherchons longtemps comment cacher tout cet or pour qu’on ne puisse ni nous accuser du vol, ni nous voler à notre tour nous nous décidons enfin à le coudre dans la doublure d’une tunique usée, que je mets sur mes épaules, tandis que le manteau était confié aux bons soins d’Ascylte, et, par des chemins détournés, nous nous dirigeons vers la ville.

Mais, à l’orée du bois, nous entendons ces paroles de mauvais augure : « Ils ne peuvent nous échapper, ils sont dans le bois ; fouillons partout ; ils ne seront pas difficiles à prendre. » À ces mots, une si horrible peur nous saisit qu’Ascylte et Giton, filant le long des broussailles, s’enfuirent vers la ville ; quant à moi, je revins sur mes pas avec une telle hâte que, sans que je le sente, la précieuse tunique glissa de mes épaules ; enfin, épuisé et incapable d’aller plus loin, je me couchai à l’ombre d’un arbre, et c’est alors que je remarquai quelle perte je venais de faire. La douleur me rendant des forces, je me lève pour rechercher mon trésor. En vain, je cours longtemps de tous côtés, jusqu’à ce qu’écrasé de fatigue et de chagrin, je me réfugiai dans les retraites les plus ténébreuses de cette forêt, où je demeurai pendant quatre heures.

A la fin, cette affreuse solitude me faisant froid au cœur, je cherchai par où en sortir. En marchant devant moi, j’aperçois enfin un paysan. J’avais besoin de tout mon courage… Il ne me fit pas défaut hardiment j’allai à lui et lui demandai le chemin de la ville, en me plaignant de m’être égaré et d’avoir erré longtemps dans la forêt.

Mon triste aspect lui fit pitié : j’étais plus pâle que la mort et tout couvert de boue. Il me demanda pourtant si je n’avais vu personne dans la forêt. « Personne », répondis-je. Alors, fort obligeamment, il me remit sur