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en effet, malgré ses immenses richesses, était ladre au point de se refuser même le nécessaire.

Plongé dans les eaux il ne boit pas, il ne cueille pas le fruit qui s’offre
L’infortuné Tantale qu’étouffe le désir,
Image de l’avare opulent : tout au loin
Est à lui, et, la bouche sèche, il remâche sa faim.

Ascylte voulait arriver à Naples le jour même. « Il est tout de même imprudent, lui dis-je, de nous réfugier là même où, selon toute probabilité, on va nous rechercher partons donc en voyage pour quelque temps, nous avons de quoi ne pas être inquiets. » II se range à mon avis et nous voilà en route pour une jolie bourgade qu’embellissent les charmantes propriétés où toute une bande d’amis à nous se réunit pour jouir de la belle saison.

A peine à moitié route, voilà qu’un nuage crève. Arrosés à pleins seaux, force nous fut de courir au bourg le plus proche pour chercher un abri dans une auberge que nous trouvâmes pleine de gens qui s’y étaient réfugiés comme nous.

Passant inaperçus dans cette foule, il nous était aisé de profiter de la cohue pour voler quelque chose, et déjà nous fouillions tous les coins d’un regard fureteur, quand Ascylte voit par terre un petit sac, qu’il ramasse sans être remarqué et que nous trouvons plein de pièces d’or. Ce premier et favorable augure nous met la joie au cœur. Redoutant toutefois une réclamation, nous sortons par la porte de derrière, où nous ne trouvons qu’un esclave en train de seller les chevaux.

Ayant sans doute oublié quelque chose, il les quitte un instant pour entrer dans la maison. Pendant son absence, nous nous emparons d’un superbe manteau, attaché à une des selles, sans autre mal que de déboucler la courroie ; puis, filant le long des murs, nous nous réfugions