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des récriminations aussi violentes et aussi infamantes que je pus pour les assauts que le vieux libidineux m’avait fait subir tant chez Lycurgue que dans sa propre maison.

Tryphène, ayant voulu ouvrir la bouche en sa faveur, eut aussi son paquet. Je proclamai son déshonneur devant les foules accourues pour m’entendre, produisant comme preuves de l’insatiable lubricité de cette grue Giton exsangue, moi-même presque mort. Interloqués par les rires de la foule, nos ennemis, l’oreille basse, se retirèrent, ruminant leur vengeance. Comprenant bien que nous avions circonvenu Lycurgue, ils décidèrent de l’attendre chez lui, pour lui ouvrir les yeux.

La fête se prolongea assez tard : nous ne pûmes rentrer au château, et Lycurgue nous emmena coucher à moitié route, dans une villa. Le lendemain, sans nous réveiller, il rentra chez lui pour ses affaires. Il trouva Lycas et Tryphène qui l’attendaient. Ils surent si bien l’enjôler qu’ils obtienrent de lui la promesse de nous remettre entre leurs mains.

Naturellement dur et ne sachant pas ce que c’est qu’une parole, Lycurgue, ne rêvant plus qu’aux moyens de nous livrer, persuada à Lycas d’aller chercher main-forte pendant que lui-même viendrait nous mettre sous bonne garde dans la villa. Il s’y rendit et, de prime abord, nous fit le même accueil que la veille à Lycas, puis, croisant sévèrement les bras, nous reprocha nos calomnies contre son ami, nous fit enfermer, à l’exclusion d’Ascylte, dans la chambre où nous avions couché, refusa de prêter l’oreille aux arguments que ce dernier lui présentait pour notre défense et finalement, emmenant son Ascylte au château, nous laissa là, sous bonne garde, jusqu’à son retour.

Chemin faisant, Ascylte tente, en vain, de le fléchir : prières, amour, pleurs, rien ne put l’ébranler. Le cama-