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seau ; eh ! venez le voir ; maintenant, moi je ne veux plus. Ce n’est pas un jeu qu’un écueil au milieu des ondes et que le gui au milieu des branches. Cela m’attriste beaucoup, quand un orgueil excessif cache chez une belle dame de nombreuses qualités. Il y en a qui répondent à qui ne les appelle pas ; d’autres, à qui les appelle se dérobent et fuient. D’autres, se consument au froid ; d’autres appellent jour et nuit la mort.

Le proverbe : aime qui t’aime, est ancien. Je sais bien ce que je dis. Maintenant, laisse aller ; car il faut que les autres s’instruisent à leurs dépens. Une femme d’humble condition désire un doux ami. On a du mal à connaître la figue. Il me paraît pourtant sensé de ne pas s’embarquer dans de trop hautes entreprises ; et par tout pays il y a de bonnes auberges. L’espérance sans fin tue ; et moi aussi j’ai été quelquefois à la danse. Le peu qui me reste, personne ne le mépriserait si je voulais le lui donner. Je me fie en celui qui régit le monde, et qui loge ses disciples dans le bois ; qu’avec sa houlette compatissante, il me mène désormais paître avec ses troupeaux.

Peut-être tous ceux qui lisent ne se comprennent pas, et ceux qui tendent les filets ne sont pas toujours ceux qui prennent le gibier ; qui prend trop de précautions se casse le cou. Qu’elle ne soit pas boiteuse la loi sur laquelle l’on compte. Pour être bien, il faut descendre pendant beaucoup de milles. Telle chose semble une grande merveille, qui est ensuite méprisée. Une beauté renfermée est plus suave. Bienheureuse la clef qui ouvre le cœur, délivre l’âme et la débarrasse d’une chaîne si lourde, et qui a tiré de mon sein d’infinis soupirs. Là où je me plains le plus, les autres