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nouvelle qui d’année en année, renouvelle en ce jour mes anciennes blessures ;

Et le visage, et les paroles qui me restent profondément gravés au fond du cœur, tout cela fait que mes yeux ont envie de pleurer.


SONNET LXVIII.

Il sait combien le monde est vain ; il l’a combattu inutilement jusque-là ; néanmoins, il espère le vaincre.

Hélas je sais bien quelles douloureuses proies nous sommes pour celle qui ne pardonne à personne, et que le monde nous abandonne vite et nous garde bien peu de temps sa foi.

Je vois qu’un long martyre obtient petite récompense ; et déjà mon dernier jour tonne dans mon cœur. Cependant, Amour qui réclame de mes yeux le tribut accoutumé, ne m’ouvre pas les portes de ma prison.

Je sais comment les ans emportent les jours, les minutes et les heures ; et je ne suis pas trompé, mais je reçois au contraire une force plus grande que celle que me donnerait l’art de la magie.

Mon désir et ma raison ont combattu sept et sept ans : c’est le meilleur qui l’emportera, si les âmes ont ici-bas un pressentiment juste.


SONNET LXIX.

Pour cacher ses angoisses, il rit et feint d’être joyeux.

César, quand le traître d’Égypte lui eut fait don de la tête illustre de Pompée, cachant sa joie, pleura par les yeux, ainsi que cela est écrit.

De même Annibal, quand il vit la fortune se montrer