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savent pas comment on peut louer dans ses écrits une autre qu’elle.


SONNET LXVI.

Il montre à un ami quelle route il faut suivre, tout en avouant qu’il l’a perdue.

Puisque vous et moi nous avons plus d’une fois éprouvé combien notre espérance est fallacieuse, élevez votre cœur vers un état plus heureux, et poursuivez ce souverain bien qui ne lasse jamais.

Cette vie terrestre est comme un pré où le serpent gît parmi les fleurs et les herbes ; et si quelques-unes des choses qu’on y voit plaisent aux yeux, c’est pour fatiguer davantage l’âme engluée.

Si donc vous cherchez à avoir jamais l’esprit en paix avant la fin, suivez l’élite peu nombreuse des hommes, et non la foule vulgaire.

On pourrait bien me dire : Frère, tu t’en vas montrant aux autres le chemin dont tu t’es souvent écarté, et dont tu es maintenant plus loin que jamais.


SONNET LXVII.

En pensant aux diverses péripéties de son amour, il en arrive à pleurer.

Cette fenêtre où un soleil se fait voir quand il lui plaît, tandis que l’autre soleil s’y montre à l’heure de none, et celle où le vent glacial siffle dans les jours raccourcis, quand Borée la frappe ;

Et le banc de pierre où ma Dame s’assied pensive dans les grands jours, et s’entretient avec elle-même ; et tous les lieux que son beau corps couvrit jamais de son ombre, ou foula avec le pied ;

Et le sombre défilé où Amour me prit ; et la saison