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SONNET XLI.

Il engage Laure à ne pas mépriser ce cœur dont elle ne peut plus sortir.

Si par vos airs dédaigneux, par vos clignements d’yeux et vos hochements de tête ; si en vous dérobant plus vite que toute autre et en détournant le visage à mes prières honnêtes et justes ;

Ou si, par tout autre moyen, vous pouviez sortir jamais du cœur où, du premier laurier qui y fut planté, Amour a fait pousser tant de rameaux, je conviendrais bien que ce fut là une juste cause à vos dédains.

Car il semble qu’une noble plante soit déplacée sur un terrain aride, et qu’elle le quitte naturellement avec joie.

Mais puisque votre destinée vous interdit d’être ailleurs, faites du moins en sorte de ne pas toujours séjourner dans un lieu qui vous soit odieux.


SONNET XLII.

Il prie Amour d’allumer dans le cœur de Laure ce feu dont les flammes ne peuvent plus s’éteindre.

Las ! que je fus tout d’abord mal avisé, le jour où Amour vint à moi la première fois, pour me frapper, car petit à petit il est devenu le maître de ma vie, et m’a soumis à son joug.

Je ne croyais pas que, sous ses attaques répétées, mon cœur endurci manquerait jamais en quoi que ce soit de fermeté ou de vaillance. Mais c’est ainsi qu’il arrive à qui s’estime au delà du vrai.

Désormais toute autre défense serait tardive, si ce