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Que pourrait dire celui qu’Amour fait soupirer, si mes nouvelles rimes lui avaient donné une autre espérance, et s’il perdait cette espérance par la faute de ce même arbre ?

Que le poète n’en cueille jamais une branche ; que Jupiter lui enlève son privilège ; et qu’il devienne si odieux au Soleil, que celui-ci dessèche toutes ses vertes feuilles.


SONNET XXXIX.

Il bénit tout ce qui a favorisé son amour pour Laure.

Béni soit le jour, et le mois, et l’année, et la saison, et le moment, et l’heure, et le beau pays, et l’endroit où je fus rencontré des deux beaux yeux qui m’ont lié.

Et bénie soit la douce angoisse que j’éprouvai la première fois que je me sentis uni avec Amour ; bénis l’arc et les flèches dont je fus frappé, et les blessures qui m’atteignent jusqu’au cœur.

Bénies soient toutes les chansons que j’ai éparpillées en proclamant le nom de ma Dame ; et mes soupirs, et mes larmes, et mes désirs !

Et bénis soient tous les écrits où je lui ai fait une renommée, et mes pensers qui n’ont pas d’autre objet qu’elle !


SONNET XL.

S’étant aperçu de ses folies, il prie Dieu de le faire revenir à une vie meilleure.

Père du ciel, après les jours perdus, après les nuits passées le plus souvent à suivre ce farouche désir qui s’est allumé dans mon cœur pour avoir contemplé les grâces de Laure, si belles pour mon malheur,

Qu’il te plaise désormais de faire que, par ta