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pensive, de la plus dure pierre qui se puisse entailler,

De diamant, de beau marbre blanc, ou de jaspe, que peut-être dans sa frayeur le vulgaire avare et sot serait ensuite venu prier.

Et je serais délivré du joug pesant et rude qui fait que je porte envie à ce vieillard fatigué, dont les épaules couvrent le Maroc de leur ombre.


MADRIGAL I.

Rien qu’à la voir laver un voile, il a été tout ému.

Diane ne plut pas davantage à son amant quand, par semblable aventure, il la vit toute nue au milieu des eaux fraîches, qu’à moi la cruelle et sauvage pastourelle occupée à laver un joli petit voile qui protège contre l’air sa charmante et blonde chevelure. Cela fut si fort, que maintenant même où le ciel est brûlant, je tremble tout entier d’un amoureux frisson.

MADRIGAL II.

Il décrit un voyage d’amour qu’il avait entrepris. Les dangers l’ont arrêté et il est revenu sur ses pas.

Parce qu’elle portait sur son visage les insignes d’Amour, une voyageuse émut mon cœur léger, car toute autre me paraissait moins digne d’honneur.

En la suivant à travers les vertes prairies, j’entendis une voix claire dire de loin : ah ! que de pas tu perds dans la forêt !

Alors, je me retirai à l’ombre d’un beau hêtre, tout pensif ; et, regardant autour de moi, je vis combien mon voyage était périlleux, et je revins sur mes pas, à moitié du jour.