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pas vous rendre, à mon grand dam, dure et superbe pour moi.

Certes, s’il vous souvient de Narcisse, votre façon d’agir et la sienne mènent au même but, bien que l’herbe soit indigne d’une si belle fleur.


SONNET XXXI.

Il se met en colère contre les miroirs, parce qu’ils lui conseillent de l’oublier.

L’or et les perles, et les fleurs vermeilles et blanches, que l’hiver devrait faner et dessécher, sont pour moi acérées et vénéneuses épines, que j’endure dans la poitrine et dans les flancs.

Par là, mes jours se passent dans les pleurs et seront abrégés ; car il arrive rarement qu’une grande douleur soit cause qu’on vive vieux. Mais j’en accuse encore plus les miroirs meurtriers que vous avez lassés à force de vous y courtiser vous-même.

Ce sont eux qui imposèrent silence à mon seigneur lequel vous priait en ma faveur ; il s’est tu, en voyant finir en vous votre désir.

Ils ont été fabriqués sur les ondes de l’abîme infernal, et trempés dans le fleuve de l’éternel oubli. C’est de là que naquit le principe de ma mort.


SONNET XXXII.

Il n’ose regarder les yeux de Laure, mais son ardent désir lui en donne le courage.

Je sentais au dedans de mon cœur défaillir les esprits qui de vous reçoivent la vie ; et comme naturellement tout être sur terre lutte contre la mort,

Je laissai le champ libre au désir que je tiens habi-