Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/358

Cette page a été validée par deux contributeurs.

reux qui de vous seul, après Dieu, attend le repos ; et pour peu que vous donniez quelque signe de pitié, la vertu s’armera contre la fureur, et le combat sera court, car l’antique valeur n’est pas encore morte dans les cœurs italiens.

Seigneurs, voyez comme le temps vole, comme fuit la vie, et comme la mort est sur nos épaules. Aujourd’hui, vous êtes ici ; pensez au départ, car il faut que l’âme, nue et seule, arrive à ce douteux sentier. Pour traverser cette vallée, qu’il vous plaise de déposer la haine et l’envie, vents contraires à la vie sereine ; et que celui qui passe son temps à nuire à autrui, emploie à quelque action plus digne son bras ou son intelligence, à prononcer quelque belle louange, et se convertisse à quelque honnête entreprise. C’est ainsi qu’on est heureux ici bas et que l’on s’ouvre le chemin du ciel.

Chanson, je t’avertis de dire doucement tes raisons, car il te faut aller parmi des gens altiers, dont les esprits sont déjà remplis de la coutume ancienne, mauvaise et toujours ennemie du vrai. Tu tenteras la fortune parmi peu de magnanimes, à qui le bien plaise. Dis-leur : « Qui me rassurera ? Je vais criant : la paix, la paix, la paix ! »


SONNET XIV.

Il s’élève contre les scandales qui se passaient à cette époque à la cour d’Avignon.

Que la flamme du ciel pleuve sur ta tête, mauvaise, qui après avoir commencé par boire l’eau des fontaines et par te nourrir de glands, es devenue riche et grande en faisant les autres pauvres, puisque tu prends tant de plaisir à mal faire ;