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pas en disant : « — Ne crains pas que je m’éloigne. — » Et elle cueillit une couronne de vert laurier, qu’elle posa de ses mains tout autour de mon front.

Chanson, à qui dira que ton sens est obscur, réponds : je n’en ai cure, car j’espère que bientôt un autre écrit fera éclater la vérité dans un langage plus clair. Je viens seulement pour réveiller les esprits, si toutefois celui qui m’a imposé ce rôle ne m’a pas trompée quand je me suis séparée de lui.


SONNET XIII.

À Antonio de’ Beccari de Ferrare, pour le rassurer et le convaincre qu’il est encore vivant.

Ces rimes affectueuses, où j’ai reconnu votre esprit et votre tendre affection, ont eu tant de pouvoir sur moi, qu’aussitôt j’ai mis la main à ma plume,

Pour vous assurer que je n’ai jamais ressenti les dernières morsures de celle que j’attends comme tout le monde ; cependant, sans m’en douter, je suis allé jusqu’à la porte de sa demeure ;

Puis je suis revenu sur mes pas, ayant vu écrit sur le seuil que le temps qu’il m’était donné de vivre n’était pas encore accompli,

Bien que je n’aie pu lire ni le jour ni l’heure où il le sera. Donc, que votre cœur inquiet s’apaise et cherche, pour l’honorer ainsi, un homme qui en soit digne.


CANZONE IV.

Aux grands de l’Italie, pour les engager à la délivrer de son dur esclavage.

Mon Italie, bien qu’il soit vain de parler devant les plaies mortelles que je vois répandues si nombreuses