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montre diverse d’elle même. De mémoire d’homme, aucun mortel n’eut, comme toi, la voie ouverte pour s’acquérir une éternelle renommée ; car, si je ne me trompe point, tu peux relever la plus noble monarchie. Quelle gloire ce sera pour toi, d’entendre dire : les autres l’ont aidée quand elle était jeune et forte, lui, l’a sauvée de la mort, dans sa vieillesse !

Chanson, tu verras sur le mont tarpéien un chevalier que l’Italie tout entière honore, plus soucieux des autres que de soi-même. Dis lui : quelqu’un qui ne t’a pas encore vu de près, mais qui s’est épris de toi, sur ton renom, dit que Rome, les yeux baignés et humides de douleur, te crie à toute heure merci de toutes les sept collines.


SONNET VIII.

À messer Agapito, en le priant d’accepter en souvenir de lui quelques légers présents.

Sur le premier de ces présents, reposez, mon cher Seigneur, vos joues fatiguées d’avoir longtemps pleuré, et soyez désormais plus avare de vous-même à ce cruel qui rend blêmes et pâles ceux qui le suivent.

Avec le second, fermez à ses messagers, du côté gauche, le chemin par lequel ils ont déjà passé, vous montrant le même en août et en janvier ; car le temps est court pour gagner la vie éternelle.

Et avec le troisième, buvez un suc d’herbe tout d’abord amer, mais doux ensuite, qui purge de toutes les pensées dont le cœur est affligé.

Placez-moi dans la partie de votre cœur où l’on place les choses plaisantes, de façon que je ne craigne pas le nocher du Styx, si ma prière n’est pas trop orgueilleuse.