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aujourd’hui ne serait-elle pas, non point prodigue, mais reconnaissante et pieuse, pour venger les offenses impies faites au glorieux fils de Marie ? Quel espoir nos ennemis mettront-ils dans les humaines défenses, si le Christ est parmi leurs adversaires ?

Reporte ton esprit à la téméraire audace de Xerxès qui, pour fouler aux pieds nos rivages, osa outrager la mer en la couvrant de ponts d’une nouvelle espèce, et tu verras toutes les femmes de la Perse, revêtues de noir à cause de la mort de leurs maris, et la mer de Salamine toute teinte en rouge. Or la victoire ne te promet pas seulement une semblable défaite du peuple infidèle d’Orient, mais une extermination comme celle de Marathon, comme celle des mortels défilés que défendit Léonidas avec si peu de gens, et comme mille autres dont tu as entendu parler ou que tu as lues. C’est pourquoi, il convient d’incliner profondément les genoux et l’esprit devant Dieu qui a choisi ton siècle pour tant de bienfaits.

Ô ma chanson, tu verras l’Italie et sa rive glorieuse que défend et cache à nos yeux, non point la mer, non point une montagne ou un fleuve, mais l’Amour seul qui me charme d’autant plus qu’il m’embrase davantage. La nature ne peut résister à l’habitude. Or va, ne te sépare point de tes autres compagnons ; l’Amour, par qui l’on vit et l’on pleure, ne marche pas toujours un bandeau sur les yeux.


SONNET VII.

Il prie un ami de lui prêter les œuvres de saint Augustin.

Si l’Amour ou la Mort ne font pas quelque accroc à la nouvelle toile que j’ourdis, et si je me délivre de