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SONNET II.

À Stefano Colonna le Vieux, qui était venu à Avignon et en repartait.

Glorieuse Colonne, sur laquelle repose notre espérance et le grand nom latin ; toi qui n’as pas encore fait dévier du vrai chemin la colère de Jupiter à travers les vents pluvieux ;

Ici, il n’y a point de palais, de théâtre, ni de riches terrasses, mais le sapin, le hêtre, le pin parmi les herbes verdoyantes et sur la belle montagne voisine où l’on monte et dont on redescend en poétisant.

Ici, nous élevons notre esprit de la terre jusqu’au ciel ; et le rossignol qui doucement dans l’ombre se lamente et se plaint chaque nuit,

Nous emplit le cœur de pensers amoureux. Mais tant de bien-être est gâté et rendu imparfait par cela seul que tu t’éloignes de nous, mon seigneur.


SONNET III.

Il répond à Stramazzo de Pérouse, qui l’invitait à faire des vers.

Si le glorieux feuillage qui arrête l’ire du ciel quand le grand Jupin tonne, ne m’avait pas refusé la couronne qui orne d’habitude ceux qui écrivent en vers,

J’aurais été ami de vos divines Muses, que le siècle délaisse si honteusement. Mais l’injure qui m’a été faite, m’a depuis longtemps éloigné de celle qui la première planta l’olivier.

La poussière d’Éthiopie ne tourbillonne pas sous le plus ardent soleil avec plus de violence que je n’enrage moi-même d’avoir perdu une chose tant aimée et que je considérais comme mon propre bien,

Cherchez donc une source plus tranquille, car la