Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/334

Cette page a été validée par deux contributeurs.

verne n’ont point de stabilité, quelle fin auront-elles après leur longue évolution ?

Ainsi je pensais, et pendant que mon esprit s’enfonçait davantage dans cette pensée, il me sembla voir un monde nouveau, immobile dans le temps et éternel.

Il me sembla que le Soleil et tout le ciel autour de lui, avec ses étoiles, disparaissait, ainsi que la terre et la mer, et qu’il en renaissait un plus beau et plus joyeux.

Quel ne fut pas mon étonnement quand je vis s’arrêter celui qui jamais ne s’arrête et qui, dans son cours, fait changer tout !

Je vis ses trois parties réduites à une seule ; et cette partie unique devenir stable, de façon à ne plus pouvoir changer comme elle avait coutume de le faire.

Et comme en un pays désert et inculte, il n’y avait eu dans ce nouveau monde, il n’y a, il n’y aura jamais, ni avant, ni après, choses qui rendent la vie amère, changeante et mauvaise.

Ma pensée passe outre comme les rayons du soleil à travers le verre, et bien plus encore, car rien ne la retient. Oh ! quelle grâce ce me sera, si jamais je l’obtiens,

De voir ici présent le souverain Bien sans aucun mélange de mal, que seul le temps produit, et qui vient et s’en va avec lui !

Le Soleil ne s’arrêtera plus dans le Taureau ni dans les Poissons, pour produire ces variations d’où naît et meurt, se ralentit ou s’accroît notre labeur.

Bienheureux les esprits qui se trouveront ou qui se trouvent dans ce chœur sublime de telle façon que leur nom jouisse d’une éternelle mémoire !