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TRIOMPHE DE LA DIVINITÉ

Et les années ne gouverneront plus les renommées des mortels ; mais celui qui sera une fois illustre, le sera éternellement.
(Triomphe de la Divinité.)

CHAPITRE UNIQUE.

Effrayé de la fragilité des choses terrestres, Pétrarque ne veut plus se confier qu’à Dieu ; il décrit la fin du monde et annonce l’éternité d’un autre. Il se réjouit avec ceux qui sont appelés à participer à la gloire de ce nouveau monde, et s’apitoie sur ceux qui en sont exclus. Il espère être au nombre des premiers et revoir Laure au ciel.

N’ayant rien vu de stable ni de durable sous le ciel, je me retournai tout épouvanté et je dis : « Regarde, à quoi te fieras-tu ? »

Je repris : « Au Seigneur qui n’a jamais manqué à la promesse faite à quiconque se fie à lui. Mais je vois bien que le monde s’est joué de moi.

« Et je sens ce que je suis et ce que je fus ; et je vois marcher, pour ainsi dire voler le temps ; et je voudrais me plaindre, mais je ne sais de qui.

« Car la faute est uniquement à moi, qui aurais dû ouvrir à temps les yeux et ne pas attendre à la fin de ma vie, laquelle, à dire le vrai, est désormais trop avancée.

« Mais les grâces divines n’arrivent jamais trop tard. J’espère en elles pour opérer encore en moi des effets rares et élevés. »

C’est ainsi que je me parlai et que je me répondis : Maintenant, si les choses que le ciel roule et gou-