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rivalisa avec lui, et un autre sous les pas duquel l’herbe fleurissait.

C’était Marcus Tullius, par lequel on vit tout ce que l’éloquence contient de fruits et de fleurs ; ces deux là sont les yeux de notre langue,

Ensuite venait Démosthènes, ayant désormais perdu l’espérance de tenir le premier rang, et peu satisfait d’honneurs secondaires.

Il me paraissait un grand foudre de feu, ainsi que le dit Eschine qui put le sentir, lui qui, auprès de l’éloquence de Démosthènes, parut rude.

Je ne puis raconter par ordre quand ni où je vis celui-ci ou celui-là, ni dire lequel marchait le premier ou lequel suivait ;

Car pensant à d’innombrables choses et regardant une si nombreuse foule et de telle qualité, mes yeux s’écartaient de ma pensée.

Je vis Solon, inventeur de l’utile plante qui, si elle est mal cultivée, produit un mauvais fruit ; il était avec les six autres dont la Grèce se glorifie.

Là, je vis des gens de notre pays. Ils avaient à leur tête Varron, la troisième grande lumière des Romains ; plus je le regardais, plus il brillait.

Je vis Crispus Salluste ; et tout à côté de lui, quelqu’un qui, le regardant de travers, lui porta envie, à savoir le grand Tite-Live de Padoue.

Pendant que je regardais, je découvris soudain son voisin Pline, le véronnais, plus avisé pour écrire que pour se garer de la mort.

Puis je vis Platinus, le grand platonicien, qui croyant vivre en sûreté dans l’oisiveté, fut prévenu par sa cruelle destinée,

Laquelle avait été marquée dès le ventre de sa