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dent honneur et courtoisie, et avec laquelle je prie le ciel de me faire vivre.

Chanson, si dans son doux séjour, tu vois notre Dame, j’espère bien que tu crois qu’elle te tendra la belle main dont je suis si éloigné. Ne la touche pas ; mais, humblement prosternée à ses pieds, dis-lui que j’irai la rejoindre aussitôt que je pourrai, soit pur esprit, soit homme de chair et d’os.


SONNET XXIV.

Il se plaint du voile de Laure qui lui ôte la vue de ses beaux yeux.

Orso, il n’y eut jamais de fleuves, de marais, de mer où se jettent toutes les rivières, de murailles ou de montagne, d’ombre projetée par les ramures, de neige qui voile le ciel et inonde la terre,

Ni d’autre obstacle parmi ceux qui obstruent le plus la vue humaine, dont je me sois plaint autant que du voile qui cache deux beaux yeux, et qui semble dire : or, consume-toi et pleure.

De même ces yeux, qui ont éteint toute ma joie, quand ils s’inclinent à terre soit par humilité, soit par orgueil, seront cause qu’avant le temps je mourrai.

Je me plains aussi d’une blanche main qui a sans cesse été prompte à me causer de l’ennui, et a toujours été un écueil pour mes yeux.


SONNET XXV.

Blâmé d’avoir tant tardé à visiter Laure, il s’en excuse.

Je crains tellement l’assaut des beaux yeux dans lesquels Amour réside ainsi que ma mort, que je les