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concitoyens les a rendus illustres ; rien ne fait mieux voir la différence qui existe entre deux choses contraires que de les voir à petite distance l’une de l’autre.

Phocion allait avec les deux précédents ; il fut chassé de son pays et mourut en exil ; récompense bien différente de celle qu’avaient méritée ses œuvres.

Comme je me retournais, je vis le bon Pyrrhus et le bon roi Massinissa qui semblait regarder comme une injure de ne pas être compris dans la troupe des Romains.

Regardant d’un côté et d’autre, je reconnus avec lui Hiéron le Syracusain, et le cruel Hamilcar si divisé de sentiments avec eux tous.

Je vis le roi de Lydie qui sortit jadis tout nu du feu, exemple manifeste que nul bouclier ne prévaut contre la fortune.

Je vis Siphax qui fut livré à pareil sort ; Brennus, sous qui nombre de gens tombèrent, et qui tomba à son tour sous le fameux temple.

Cette troupe était très nombreuse et composée de gens de physionomies très diverses ; et pendant que je levais les yeux, j’en vis une partie rassemblée en un groupe.

Le premier de ce groupe était celui qui voulut faire un grand temple à Dieu pour qu’il habitât parmi les hommes ; mais celui qui exécuta cette œuvre, venait derrière lui.

C’est à lui qu’était réservé de construire le temple, et il bâtit, des fondements au sommet, le saint édifice. À mon avis, il ne fut pas aussi bon architecte pour ses propres actions.

Puis je vis celui qui fut si avant dans la faveur de