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Il eut des yeux pour voir, et des ailes pour voler. Un grand vieillard venait après lui, qui amusa Annibal par ses artifices.

Puis venaient un autre Fabius, avec les deux Caton, les deux Paul, les deux Brutus et les deux Marcellus ; Régulus qui aima Rome et non soi-même.

Un Curius et un Fabricius, bien plus beaux dans leur pauvreté que Midas et Crassus avec leur or qui les rendit ennemis de la vertu ;

Cincinnatus et Serranus qui ne font point un pas sans les précédents ; et le grand Camille, las de vivre, mais non de bien faire,

Le ciel lui accorda une faveur telle que sa haute vertu le ramena dans sa patrie, d’où l’avait chassé une rage aveugle.

Puis venaient ce Torquatus qui frappa son propre fils, et qui aima mieux le perdre, que de permettre qu’on portât atteinte à la discipline militaire ;

L’un et l’autre Décius, dont l’un ouvrit avec sa poitrine les bataillons ennemis. Ô noble vœu, qui conduisit le père et le fils à un même genre de mort !

Avec eux venaient Curtius, non moins dévoué à sa patrie, qui, de son corps et de ses armes, combla l’horrible gouffre entr’ouvert au milieu du forum ;

Mummius, Levinius, Attilius avec Titus Flaminius qui, par la force et plus encore par la douceur, vainquit le peuple grec.

Il y avait aussi celui qui entoura le roi de Syrie d’un cercle magnanime, et par ses paroles et son énergique volonté le contraignit à lui obéir ;

Et celui qui, seul et en armes, défendit le rocher d’où il fut plus tard précipité ; et celui qui défendit à