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Là étaient ceux qui furent appelés les heureux : pontifes, rois et empereurs. Maintenant ils sont nus, pauvres et misérables.

Où sont maintenant leurs richesses ? Où sont les honneurs, et les pierreries, et les sceptres, et les couronnes, et les mitres, et les vêtements de pourpre ?

Malheureux qui place son espoir sur les choses mortelles ! — Et qui donc ne l’y place pas ? — S’il se trouve à la fin trompé, c’est bien juste.

Ô aveugles ! à quoi sert de tant vous donner de peine ? Vous retournez tous à la grande mère antique, et c’est à peine si on retrouve la trace de votre nom !

Cependant, des mille peines que vous vous donnez, y en a-t-il une qui soit utile ? Ne sont elles pas toutes d’évidentes vanités ? Que celui qui connaît vos préoccupations me le dise.

À quoi sert de subjuguer tant de pays, et de rendre tributaires les nations étrangères, pour que les esprits soient toujours embrasés de haine ?

Après les entreprises périlleuses et vaines, après avoir conquis, en versant le sang, terres et trésors, trouve-t-on l’eau et le pain plus doux ?

Trouve-t-on le verre et le bois plus doux que les pierreries et que l’or ? Mais pour ne pas poursuivre davantage un si long thème, il est temps que je revienne à mon premier sujet.

Je dis qu’était arrivée la dernière heure de cette courte vie glorieuse, et le moment du pas douloureux que le monde redoute.

Il y avait là pour voir Laure, une autre vaillante troupe de dames non encore séparées de leurs corps, et qui voulaient savoir si la Mort serait pitoyable.