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L’autre était Pénélope. Elles avaient brisé les traits, l’arc et le carquois de cet insolent, et lui avaient arraché les ailes.

Virginie venait après, suivant son père farouche, armé d’indignation, de pitié et de son épée, qui changea la condition de sa fille et de Rome,

Rendant la liberté à l’une à l’autre. Puis venaient les Tudesques qui, par une mort cruelle, conservèrent leur barbare honneur.

La juive Judith, sage, chaste et courageuse ; et cette Grecque qui se précipita dans la mer pour mourir pure et fuir un sort rigoureux.

Ce fut au milieu d’elles et de quelques autres âmes illustres, que je vis triompher de celui que j’avais vu triompher d’abord de l’univers entier.

Parmi les autres, je vis la pieuse jeune vestale qui courut avec confiance au Tibre, et, pour se disculper de toute infamie,

Porta dans un crible l’eau du fleuve jusqu’au temple ; je vis aussi Ersilia avec ses Sabines, troupe dont le nom remplit tous les livres.

Puis je vis, parmi les étrangères, celle qui voulut mourir pour son cher et fidèle époux, et non pour Énée.

Que le vulgaire ignorant se taise là-dessus ; je veux parler de Didon, qui courut vers la mort, poussée par l’honneur et non par un futile amour, comme la renommée le dit.

Enfin, je vis une femme qui se renferma à l’étroit sur la rive de l’Arno pour conserver son honneur ; mais cela ne lui réussit pas, car la force l’emporta sur sa belle résolution.

Le triomphe de Laure était arrivé à l’endroit où les ondes salées battent les murs de Baia. C’était pendant