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Le premier de tous était Arnauld Daniel, grand maestro d’amour, qui fait encore honneur à sa patrie pour son style neuf et beau.

Il y avait ceux qu’Amour eut si peu de peine à vaincre ; les deux Pierre ; Arnauld, moins célèbre que le précédent ; il y avait aussi ceux qui furent soumis avec plus de peine,

Je veux dire l’un et l’autre Raimbaud, dont l’un chanta Béatrice dans le Montferrat ; et le vieux Pierre d’Auvergne avec Giraud ;

Fouquet, qui a légué son nom à Marseille après en avoir déshérité Gênes, et qui, sur la fin de la vie, changea, pour une meilleure patrie, d’habit et d’état ;

Geoffroi Rudel, qui employa la voile et la rame pour courir à sa propre mort ; et ce Guillaume, qui, pour avoir trop chanté, se vit moissonner à la fleur de ses jours ;

Amerigo, Bernard, Hugo et Anselme ; et mille autres que j’ai vus, à qui la langue servit constamment de lance, d’épée, de bouclier et de casque.

Et, puisqu’il faut que j’expose clairement toute ma douleur, je me tournai vers les nôtres, et je vis le bon Tomasso qui illustra Bologne et qui est maintenant enseveli à Messine.

Ô douceur passagère ! ô vie pénible ! qui donc t’a enlevé si tôt à moi, toi sans lequel je ne savais pas faire un pas ?

Où es-tu maintenant, toi qui hier encore étais avec moi ? La vie mortelle, qui nous plaît tant, n’est en réalité qu’un rêve de malade et qu’une fable de roman.

J’étais à une petite distance en dehors du sentier