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Triomphe d’Holopherne ; vois-la s’en retourner seule, avec une servante, à minuit et en toute hâte, emportant l’horrible tête et remerciant Dieu.

« Vois Sichem et son sang mêlé par la circoncision et la mort ; vois le père et le peuple pris au même piège.

« Voilà ce qui a causé sa passion subite. Vois Assuérus ; vois de quelle façon il applique un remède à son amour, afin de pouvoir le supporter patiemment.

« Il se délivre d’une chaîne et se lie d’une autre ; voilà le remède qu’il emploie pour un tel mal ; c’est ainsi qu’on chasse un clou avec un autre clou.

« Veux-tu voir en un même cœur l’affection et l’ennui, la douceur et l’amertume ? Regarde maintenant le féroce Hérode ; l’amour et la cruauté l’assiègent.

« Vois comme il brûle tout d’abord, et puis se ronge dans un tardif repentir de sa férocité, appelant Marianne qui ne l’entend pas.

« Vois trois belles dames énamourées, Procris, Artémise et Déidamie ; et ces trois autres non moins ardentes que scélérates,

« Sémiramis, Biblis et la coupable Myrrha ; vois comme elles semblent honteuses de leur vie louche et coupable.

« Voici ceux qui remplissent les livres de songes, Lancelot, Tristan et les autres chevaliers errants, ce qui fait que le vulgaire les envie.

« Vois Ginevra, Iseult et les autres amants, et le couple de Rimini, qui vont ensemble faisant entendre de douloureuses plaintes. — »

Ainsi il parlait ; et moi, comme un homme qui