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volant ; je vis courir Atalante qui fut vaincue par trois pommes d’or et par un beau visage.

Avec elle était Hippomène, la seule, au milieu de tant d’amants et de coureurs malheureux, qui se réjouisse et se vante de sa victoire.

Parmi ces fabuleux et frivoles amants, je vis Acis tenant Galathée dans ses bras, dont Polyphème faisait grande rumeur.

Je vis Glaucus flottant au milieu de cette foule, sans celle à qui seule semblent s’adresser ses prières, et traitant une autre amante de dure et de cruelle.

Je vis Carmente et Picus, qui fut jadis un de nos rois et qui est maintenant un oiseau vagabond. Celle qui le métamorphosa lui laissa son nom, son royal manteau et ses ornements.

Je vis les pleurs d’Égérie ; je vis Scylla, dont les os furent changés en un dur rocher alpestre, et qui devint une infamie pour la mer de Sicile ;

Et celle qui, douloureuse et désespérée, tenait la plume dans sa main droite et le fer nu dans sa main gauche.

Je vis Pygmalion avec sa statue vivante ; et mille autres que j’ai entendus chanter sur l’une et l’autre rive de Castalie et d’Aganippe.

Je vis, en dernier lieu, Cydipe, trompée au moyen d’une pomme.