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Jusqu’à ce qu’il me fut dit : « — Tu arrêtes trop longtemps ta pensée sur des choses diverses ; et tu sais bien que le temps est très court. — »

Xerxès mena moins de gens d’armes en Grèce, qu’il n’y avait là d’amants nus et prisonniers. L’œil ne pouvait en soutenir la vue.

Ils étaient de langues et de pays si divers, que sur mille c’est à peine si je savais le nom d’un seul, et le petit nombre de ceux dont j’eus connaissance fournirait matière à tout un volume.

Persée était l’un d’eux, et je voulus savoir comment lui plut, en Éthiopie, Andromède, la vierge noire aux beaux yeux et à la belle chevelure.

Il y avait aussi ce frivole amant, qui, amoureux de sa propre beauté, perdit la vie, et resta pauvre et seul pour en avoir eu trop grande abondance ;

Il devint une belle fleur qui ne produit pas de fruit ; elle était là aussi, celle qui l’aima, et dont le corps fut changé en un dur rocher à la voix résonnante.

Et cet autre si prompt à faire son propre malheur, Iphis, qui, par amour pour autrui, se prit en haine ; et quantité d’autres condamnés à semblable peine ;

Gens qui, pour avoir aimé, vécurent désespérés, et parmi lesquels je reconnus quelques modernes que je perdrais mon temps à nommer.

Il y avait ces deux infortunés qu’Amour a réunis éternellement, Alcyon et Ceïx, qui sur le rivage de la mer font leur nid sous de plus doux hivers.

Près d’eux, pensif, se tenait Esacus, cherchant Hespérie, tantôt assis sur un rocher, tantôt plongeant sous l’eau, tantôt planant dans les airs.

Et je vis la cruelle fille de Nisus s’enfuir en