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« Elle aussi en mourut, vengeant peut-être Hippolyte, Thésée et Ariane ; car c’est en aimant, comme tu vois, qu’elle courut à la mort.

« Tel qui blâme autrui, se condamne soi-même ; car celui qui prend plaisir à tromper ne doit pas se plaindre si les autres le trompent.

« Vois ce fameux, avec toute sa gloire, emmené prisonnier entre les deux sœurs mortes. L’une est amoureuse de lui, et lui est amoureux de l’autre.

« Celui qui l’accompagne est ce puissant et fort Hercule qu’Amour prit ; et l’autre est Achille dont les amours eurent une fin très douloureuse.

« Cet autre est Démophonte, et cet autre est Phillis ; celui-ci est Jason, et celle-là est Médée qui suivit Amour et Jason par tant de pays,

« Et qui fut d’autant plus courroucée et cruelle envers son amant, qu’elle avait été plus coupable envers son père et son frère ; car elle croyait en être plus digne de son amour.

« Hipsiphile vient ensuite ; elle se plaint elle aussi du barbare amour qui lui a ravi le sien ; puis vient celle qui a le titre de belle.

« Avec elle est le berger qui malheureusement contempla si attentivement son beau visage, ce qui occasionna de grandes tempêtes et bouleversa le monde.

« Écoute ensuite se plaindre, parmi les autres infortunés, Œnone de Paris et Ménélas d’Hélène, et Hermione appeler Oreste,

« Laodamia son Protésilas et Argia son Polynice, bien plus fidèle que l’avare épouse d’Amphiaraus.

Entends les pleurs et les soupirs, entends les cris des malheureuses embrasées, qui ont rendu leur esprit à celui-ci qui les mène de cette façon.