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« Il naquit de l’oisiveté et de la lascivité humaine ; il a été nourri de pensers doux et suaves ; il a été fait Seigneur et Dieu par les gens futiles.

« Les uns sont morts à cause de lui, les autres, soumis aux plus dures lois, traînent une vie âpre et acerbe, sous mille chaînes et sous mille clefs.

« Celui qui, d’un air si seigneurial et si superbe, vient le premier, est César que Cléopâtre enchaîna en Égypte parmi les fleurs et l’herbe.

« Maintenant on triomphe de lui ; et c’est bien juste, puisqu’un autre l’a vaincu lui qui vainquit le monde, que le monde se glorifie de la défaite de son vainqueur.

« L’autre est son fils ; et cependant celui-ci aima plus sagement ; c’est César-Auguste qui, par ses prières, enleva à un autre sa Livia.

« Le troisième est l’impitoyable et injuste Néron ; vois-le marcher plein d’ire et de dédain. Une femme le vainquit, tout fort qu’il paraisse.

« Vois le bon Marcus, digne de toute louange, la bouche et le cœur pleins de philosophie. Cependant Faustine est cause qu’il est ici enchaîné.

« Ces deux, remplis de crainte et de soupçons, l’un est Denys et l’autre est Alexandre ; mais ce dernier a reçu le juste prix de la crainte qu’il inspirait.

« Le suivant est celui qui pleura sous Antandre la mort de Créuse, et qui enleva la maîtresse de celui qui avait ravi à Évandre son fils.

« Tu as entendu parler de celui qui refusa d’assouvir la passion furieuse de sa belle mère, et qui se débarrassa par la fuite de ses obsessions.

« Mais cette résolution chaste et digne causa sa mort, tellement Phèdre, amante terrible et farouche, changea son amour en haine.