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SONNET LXXXIX.

Le chant triste d’un petit oiseau lui rappelle ses propres chagrins.

Bel oiselet qui vas chantant ou pleurant tes jours passés, en voyant la nuit et l’hiver à tes côtés, et le jour ainsi que les mois joyeux derrière tes épaules !

Si, comme tu connais tes maux pesants, tu connaissais mon état semblable au tien, tu viendrais dans le sein de cet inconsolé pour partager avec lui les douloureuses plaintes.

Je ne sais si les parts seraient égales ; car celle que tu pleures est peut-être en vie, tandis que la Mort et le Ciel sont tant avares pour moi.

Mais la saison et l’heure moins propice, ainsi que le souvenir des douces années et des années amères, m’invitent à te parler avec pitié.


SONNET XC.

La mort de Laure l’engage à méditer sérieusement sur la vie future.

La belle dame que j’aimai tant, s’est en allée subitement loin de nous, et, du moins ce que j’espère, elle est montée au ciel, si doux et si suaves furent ses actes.

Il est temps de reprendre les deux clefs de ton cœur qu’elle possédait pendant sa vie, et de la suivre dans la voie droite et libre ; qu’aucun poids terrestre ne t’embarrasse.

Depuis que tu es délivré du poids le plus lourd, tu peux facilement déposer les autres, et monter au ciel comme un voyageur allégé.

Tu vois bien désormais que toute chose créée court