Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/260

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et les vives paroles qui résonnent encore à mon âme,

Jadis je te vis, brûlant d’un chaste feu, mouvoir parmi les herbes et les violettes, non comme une dame, mais comme un ange seul, les pas de celle qui maintenant m’est plus que jamais présente ;

Laquelle ensuite, retournant vers ton Créateur, tu laissas dans la terre, ainsi que le voile suave qui, par une haute destinée, te vint en partage.

À ton départ, Amour partit du monde ainsi que Courtoisie, et le Soleil tomba du ciel, et la Mort commença à devenir douce.


SONNET LXXXVIII.

Ah ! que ta main vienne en aide à mon génie haletant, Amour, ainsi qu’à mon style fatigué et fragile, pour parler de celle qui est devenue immortelle et citoyenne du céleste royaume.

Accorde-moi, Seigneur, que mon dire arrive à égaler ses mérites, ce à quoi il ne peut atteindre par lui-même, puisqu’il n’y eut pas de vertu ni de beauté égale dans ce monde qui ne fut pas digne de la posséder.

Amour répond : — Tout ce que le ciel et moi pouvons, tout ce que peuvent les bons conseils et les entretiens honnêtes, fut réuni dans celle que la Mort nous a ravie.

Il n’y eut jamais de femme pareille, depuis le jour où Adam ouvrit les yeux pour la première fois ; et maintenant que cela suffise, je le dis en pleurant, et toi en pleurant tu l’écris.