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Toi qui vois mes maux indignes et coupables, Roi du ciel, invisible, immortel, secourres mon âme égarée et fragile, et supplée à son défaut par ta grâce,

Afin que, si je vécus dans les luttes et la tempête, je meure en paix et dans le port ; et si le séjour fut inutile, qu’au moins le départ soit honorable.

Au peu de vie qui me reste et à ma mort, que ta main daigne être propice. Tu sais bien que je n’ai pas d’espérance en d’autres.


SONNET LXXXVI.

Il doit son propre salut à la vertueuse conduite de Laure à son égard.

Douces cruautés et placides refus, pleins de chaste amour et de pitié ; charmants dédains qui tempérèrent — je m’en aperçois maintenant — mes désirs enflammés et stupides ;

Gentil parler, où brillait clairement la suprême courtoisie jointe à la suprême honnêteté ; fleur de vertu, source de beauté qui chasse de mon cœur toute pensée vile ;

Divin regard, à rendre l’homme heureux, tantôt cruel à refréner mon esprit ardent pour ce qui est justement défendu,

Tantôt prompt à réconforter ma frêle existence ; cette belle diversité fut la racine de mon salut, qui autrement était perdu.


SONNET LXXXVII.

Elle était si pleine de grâces, qu’à sa mort la courtoisie et l’amour quittèrent ce monde.

Bienheureux esprit, qui si doucement tournas ces yeux plus clairs que le soleil, et qui exhalas les soupirs